“Il était une fois le MFC” – E5 : Saison 85/86 : si près de l’exploit !

Le 5ème épisode de notre série sur les grands moments du l’histoire du Montauban Football Club est publié ! Retour sur la saison 1985-1986 qui symbolise une saison ou le MFC fera taire les critiques après un maintien obtenu haut la main et malgré un début de championnat extrêmement compliqué.

Mais l’évènement sur lequel nous allons tenter de vous faire revivre de superbes souvenirs, concerne un 32ème de finale de Coupe de France extraordinaire à Cahors entre le Montauban FC et le mythique club de l’Olympique de Marseille évoluant en 2ème division à l’époque.

Retour sur l’histoire avec les mots de Jean-Claude Cabaret et Rodolphe Portoles qui écrivent pour nous et que nous remercions.

Coupe de France rétro (saison 1985-1986, 25 janvier 1986)

LE COUP PASSA SI PRES…

Le MFC venait de connaître une intersaison quelque peu agitée ; les années Tressens étaient définitivement entrées dans l’histoire du club : l’entraîneur Jean Claude Cabaret, dernier maillon, quittait son poste ; le président Manuel Ruiz et son équipe de dirigeants tapaient fort en mettant aux commandes un technicien belge au passé glorieux. Jean Thyssen, ancien international (34 sélections), passé par les clubs historiques (Standard de Liège, Anderlech), allait apporter une autre méthode de travail, très professionnelle, exigeante. Et si le club montalbanais avait dû faire face à une exode forte de son effectif (une vingtaine de départs),  il en fallait beaucoup plus pour décourager cet entraîneur au caractère bien trempé.

La récompense vint d’abord en coupe de France ; Rodolphe Portolès, se souvient : « Ce fut d’abord ce 1/64e de finale joué à Lisle/ sur Vienne, près de Limoges, devant plus  2000 personnes. Face à une équipe adverse survoltée, et qui jouait en mémoire d’un des leurs décédé quelques jours avant le match, nous étions dans le match piège par excellence. Nous l’emportions 6-4 après prolongation, L’emblématique dirigeant-supporteur « Pépé Rhodes » était passé par tous ses états.

Nous étions donc qualifiés pour jouer un 32° de finale de coupe de France et le tirage nous offrait l’Olympique de Marseille de Joseph Antoine Bell. »

C’était l’OM du régional champion Olympique Jean-Louis Zanon (ex-Lafrançaise), mais aussi de l’ex-Albigeois Jean-Pierre Bade, de Galtier (actuel entraîneur de Lille), ou du truculent José Anigo…

Plus de 5000 spectateurs garnissaient le stade Lucien Desprats  de Cahors ; pas vraiment déstabilisés par l’événement, les coéquipiers de l’impeccable Jean-Philippe Combrié, allaient mettre à mal une formation de Marseille qui s’était inclinée une première fois sur un but du regretté Jean-Philippe Lagarde, l’ex-Téféciste au pied gauche meurtrier ((32e). Le MFC regagnait les vestiaires sur cet avantage.

Le retour sur le pelouse ne fut guère meilleur pour l’OM ; le précieux Robert Delgado enfonçait rapidement le clou (51e). Ce but allait sonner le réveil des Marseillais ; Rodolphe Portolès relève aujourd’hui : « Le haut niveau ne laisse place à aucune erreur ou au moindre relâchement. En huit minutes, nous allions en faire les frais, les Marseillais marquaient trois buts et remettaient les pendules à l’heure : Comme souvent, c’est un des leurs qui réduisait le score, le pied gauche de Zanon faisait mouche (53e), Flak égalisait (59e) avant que l’ex-bordelais Antoine Martinez ne donne le coup de grâce peu après l’heure de jeu (64e). Les Montalbanais avaient frôlé l’exploit face à cet OM (10 finales gagnées) qui trébucha sur la dernière marche devant les Girondins.

Fiche technique : 

Score final : Montauban FC 2-3 O. Marseille (MT 1-0)
A Cahors, stade Lucien Desprat

Buteurs :

  • MFC : Lagarde (32e), Delgado (51e)
  • OM : Zanon (53e), Flak (59e), Martinez (64e)

Avertissements :

  • MFC : Bordes (79e), Lagarde (81e)
  • OM : Zanon (29e)

Les équipes :

  • MFC : Giuseppin, Perissé, Combrié (cap), Labeyrie, Bordes, Delgado, Kolbozia, Lacombe Ruiz, Lagarde, Laville, Laflorentie, Néhari / Entraîneur : Jean Thyssen (BEL)
  • Marseille : Bell (cap), Anigo, Bade, Galtier, Lorant, Zanon, Martinez, Flak, Diallo, Audrain, Zénier

La feuille de match dans les couloirs du stade…

Les témoignages des anciens :

Rodolphe Portolès (joueur du MFC) : « A TOUT JAMAIS »

« Ce match de coupe de France joué le 25 janvier 1986 restera à tout jamais pour moi, à la fois un excellent souvenir, et en même temps un mauvais souvenir.

Excellent souvenir, car il est l’apothéose d’une saison exceptionnelle au regard des conditions de reprises au mois d’août: un effectif décimé à l’intersaison, un manque d’expérience évident à ce niveau, un nouvel entraineur, de nouveaux dirigeants….. mais un groupe qui a fourni, ce jour là, un match exceptionnel ; à deux doigts d’éliminer ce club mythique.

Alors oui,  je parle des copains, car ce match c’est aussi un très mauvais souvenir pour moi : car la veille de la rencontre, lors du dernier entraînement d’avant match, juste à la fin de la séance, j’ai eu la malchance de me faire une sévère entorse à la cheville (merci l’arrière du terrain du Saulou et ses trous), ce qui m’a privé de participer à une telle rencontre. J’ai donc assisté au match, sur le banc de touche, avec deux béquilles ! 

Mais la satisfaction viendra quelques mois plus tard, car grâce au travail et aux sacrifices de tout un groupe, l’équipe entraînée par Jean Thyssen finira par ce maintenir dans un championnat de troisième division très relevé !

Une précision complémentaire qui offre une belle anecdote : parmi les « déçus” de ce match, je repense à Didier Lespiau, suspendu pour un carton reçu au match précédent pour une faute commise par … Robert Delgado ! L’arbitre n’avait jamais voulu reconnaître son erreur ! »

Tout est dit pour ce quatrième 1/32e de finale joué par le Montauban FC qui, malgré cette remarquable performance, manquait pour la quatrième fois, la qualification pour un 1/16e de finale.  

Christophe Laville (joueur) :

1ère anecdote : 

“Le jour du match nous avions collation dans un bar de Cahors et les enfants venaient faire signer des autographes .Je pensais qu’ils se trompaient d’équipe, mais non mais non les enfants venaient bien pour nous l’équipe de Montauban. A 20 balais ça fait drôle et avec toute cette effervescence j’ai passé la journée à me demander si c’était bien vrai… Le soir au coup de sifflet de l’arbitre j’en ai eu confirmation !! Nous jouions Marseille c’était sûr, les maillots les joueurs le stade les spectateurs, tout était bien réel…. 

2ème anecdote :

Nous menions la rencontre 1.0 depuis le but en 1ere mi-temps (vers la 30ième minutes je pense) de notre regretté Jifé (quel joueur), ce but venait concrétiser une bonne période de notre part ou nous n’étions pas ridicules face aux marseillais. A la pause le coach nous avait remontés comme des pendules, j’aurais pu grimper l’Everest à mains nues et je pense que je n’étais pas le seul dans l’équipe…. La 2ième mi-temps commence donc et vers la 50ième Robert marque ce fameux 2ième but d’une tête rageuse sur un corner, là je vous laisse imaginer l’explosion de joie de toute l’équipe et du stade plein comme un œuf… Tout à notre allégresse nous étions encore en train de nous féliciter sur le bord de terrain lorsque l’arbitre décide avec l’insistance des marseillais la reprise du match. Seuls face à l’armada phocéenne les 2 ou 3 défenseurs restants sur le terrain sont obligés de faire faute aux environs de notre surface de réparation. A l’époque il y avait un certain Jean-Louis Zanon (originaire de Lafrançaise si je ne m’abuse), patte gauche démoniaque et surtout grand tireur de coup-franc. En bon spécialiste sa frappe bien enroulée et bien placée est impossible à arrêter pour notre gardien Éric. Du coup de 2-0 nous passons à 2-1 en 2 minutes peut-être, avec une grande sensation de s’être fait rouler pour pas dire autre chose par l’arbitre du centre…et là je pense que nous sommes sortis du match  Trop énervé par l’attitude de l’arbitre …5 minutes après nous prenions le 2ième but et je crois que le 3ième est survenu également dans les 5 minutes suivantes. 2-0 à 2-3 en 15 minutes, cette décision arbitrale nous a complètement assommé d’ailleurs je n’ai pas de souvenir de cette fin de match, j’étais sorti vers la 60 ou 70ième et sur le banc. Plus personne ne s’occupait du match, la décision de l’arbitre était au centre de toutes les discussions, seul le coach essayait de rameuter les troupes.

3ème anecdote :

Mais à la fin du match je vois partir notre coach Jean Thyssen (qui n’était pas un lapin de six semaines, il était plutôt sur le quintal et dans les 1m 90 et ancien international belge) vers l’arbitre machinalement je l’ai suivi et là il lui a dit tous ce qu’il n’avait pas pu lui dire pendant le match, en restant courtois, mais sec très sec, je dirai aride. Et on ne peut pas mettre sur une feuille à l’écrit l’intensité du moment, l’intensité du regard, l’intensité du ton, et également l’intensité du message mais quand le coach a dit à l’arbitre « Entre professionnel on se comprend, vous avez fait ce qu’il fallait »  . J’ai eu l’impression que l’arbitre se dégonflait tout seul, les yeux la bouche les épaules tout est tombé d’un coup. 

Jean-Claude Lacombe (joueur) :

« La semaine précédant la rencontre, je pense que je n’étais pas dans les 13, (à cette époque-là, nous n’avions droit qu’a 2 remplaçants), et une sortie sur les berges du canal, et une autre en forêt de Montech à la nuit tombante, on fait que je me suis retrouvé dans les 13 et même titulaire (on appelle ça la sélection naturelle …)

Après concernant le match en lui-même, je ne pense pas qu’on l’ai perdu, on nous là volé, plutôt…..Nous avons payé très cher notre naïveté et manque d’expérience, alors que nous étions en train de célébrer notre second but, (à ce moment-là nous menions 2/0),  l’arbitre a sifflé la reprise du jeu…et tout s’est emballé… 3 buts en 10 minutes, l’OM avec sa devise « DROIT AU BUT » avait retrouver son rang….  malgré cela, ce match reste un immense souvenir………..

J’avais eu la chance d’échanger mon maillot avec un marseillais, ensuite ce maillot je l’ai donné au fils d’un ami, et il y a 5 / 6 ans un collectionneur de maillot marseillais, après des recherches m’a appeler pour savoir si j’avais toujours ce maillot…… »

Eric Giuseppin (gardien) :

“Tout d’abord, pour la plupart des jeunes joueurs que nous étions, les 32ème  de finale nous donne une première récompense avec les maillots (car oui à cette époque les maillots se gagnaient en 32ème de finale de CDF) et ensuite le bonheur de jouer contre une D1.

Je me rappelle le court déplacement à Cahors en bus (un beau bus que nous n’avions pas l’habitude d’avoir, déjà on voyait le moment spécial que nous allions vivre), pas un bruit dans le bus. Repas d’avant match classique puis une causerie de l’entraineur Jean Thyssen. Arrivée au stade  et déjà on apercevait du monde 1h30 avant le coup d’envoi, nous n’avions pas l’habitude mais on était déjà dans notre concentration. Nous avons reçu un jogging offert par un sponsor pour l’échauffement. L’heure de l’échauffement arrive, on ne change rien à nos habitudes, pour ma part pas de pression particulière à ce moment précis, juste j’explose la couture interne de la jambe de mon jogging  et je me retrouve avec un bas de jogging en deux parties. En entrant sur le terrain je ne vois personne tellement la concentration est forte et j’ai hâte que le match commence et de toucher mon premier ballon pour la confiance. Notre jeunesse nous sert au début et nous condamne en fin de match. Pas de regret, on est conscient d’être passé très prêt de quelque chose de grand mais on est fiers. Je vois Joseph-Antoine Bell qui vient vers moi et comme cela se faisait je lui demande si  il veut échanger son maillot. Sa réponse est non avec une excuse bateau. Pas de problème j’ai gardé le mien (j’ai encore ce maillot chez moi). Ce genre d’évènement, nous incite à travailler d’avantage pour revivre des moments aussi intenses pour la suite de notre carrière.”

Kadour Nehari (joueur) : “J’ETAIS SUR LE BANC”

« Au tout dernier moment, je me suis retrouvé sur le banc (petite entorse à la discipline) ; on ne rigolait pas (sic) avec Jean Thysen. L’équipe avait réalisé un grand match sans toutefois garder le résultat jusqu’au bout. Le groupe était jeune mais possédait beaucoup de qualité à l’image des Laville, Périssé, Delgado, Bordes, Lacombe, Laflrentie, et bien sûr le capitaine Combrié… J’ai aujourd’hui une forte pensée pour Jean-Philippe Lagarde, Mehdi Kolbozia (un demi-frère pour moi), deux excellentes personnes disparues. J’ai toujours le cœur méféciste ; il faut que les joueurs du club construisent leur propre histoire pour que le MFC-TG retrouve les compétitions nationales. Quant on arrête, on ne retient qu’une chose : les titres que l’on a gagnés, ces moments de bonheur qu’ils nous procurent. C’est ce que je souhaite à « mon » MFC ; on n’oublie rien. Et ce match de Cahors fait partie des belles choses de l’histoire méféciste. »

Robert Delgado (joueur) : 

“LA SAISON 85/86 représente  pour moi un formidable souvenir car la saison s’annonçait difficile avec un nouvel entraineur Jean THISSEN et un effectif de jeunes joueurs, pour la plupart formés au club et découvrant la division 3. on a beaucoup souffert physiquement toute la saison pour être à la hauteur mais on a été récompensé de nos efforts. Le groupe a toujours bien vécu, même dans les moments difficiles, avec un coach qui a su toujours nous tirer vers le haut. La récompense est venue avec le maintien en division 3 en fin de saison et ce 32° de finale de coupe de France contre l’OM.

Ce match, un bon  souvenir, le fait de jouer un club pro, devant 5000 spectateurs, que l’équipe ait fait une prestation à la hauteur de l’évènement  et personnellement d’avoir marqué un but à Joseph-Antoine Bell.

Une grosse déception aussi, de l’avoir perdu, après avoir mené 2-0 mais sans avoir mené longtemps, puisqu’on prend un but rapidement sur coup-franc alors que la faute est imaginaire, but qui a empêché l’OM de douter un peu plus.

petite anecdote, Didier Lespiau était suspendu pour un carton jaune reçu à ma place lors d’un match précédent qui le privait du 32° alors que cela n’aurait pas été le cas pour moi, et Rodolphe Portolès, blessé la veille du match, 2 joueurs expérimentés dans notre effectif habituel qui nous ont manqué.”